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Nous poursuivons notre série sur les sept postures clés de l’administrateur, qui, tour à tour, se succèdent et se complètent : Vigie, éclaireur, tuteur, médiateur, challengeur, catalyseur, médiateur. Nous examinons dans ce deuxième épisode la notion d’éclaireur.

Éclaireur provient de l’adjectif latin « clarus », qui a donné clair en français.  Nous le retrouvons dans clarté et clarification, mais également dans éclaircissement et clairvoyance. Étymologie riche, car si ces substantifs se ressemblent, ils ne recouvrent pas exactement les mêmes significations. Et c’est bien là toute la richesse de cette posture.

Un éclaireur c’est d’abord le soldat qu’on envoie en avant pour observer la situation et la configuration des lieux afin de rapporter des informations utiles à ceux qui sont restés en arrière. Pour leur apporter de la lumière, là où règne l’obscurité, la confusion ou l’inconnu.

Un administrateur peut se faire éclaireur dans ce sens : apporter sa connaissance par exemple de marchés, de modèles de distribution inconnus ou méconnus de l’entreprise, mais utiles à redessiner sa stratégie. Littéralement il dirige de la lumière sur quelque chose caché ou inaperçu pour permettre au Conseil d’apercevoir des possibilités et des perspectives nouvelles.

Il faut y distinguer deux aspects complémentaires : d’abord éclairer le sujet en débat en fournissant des renseignements qui contribuent à le documenter et l’expliquer. Ensuite le rendre plus compréhensible pour les autres membres du Conseil.

Posture d’expert sans doute, mais en même temps posture de pédagogue pour rendre l’information intelligible et accessible à tous. Comme l’écrit avec élégance Boileau, « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. » Chaque administrateur doit avoir le souci constant de la clarté de sa prise de parole.

Le soldat éclaireur, c’est celui qu’on envoie aux avant-postes, loin devant le gros des troupes. Cette image militaire nous dit ainsi autre chose : être administrateur éclaireur, c’est être pionnier et à l’avant-garde de la stratégie de la société.

Rôle d’innovateur donc, qui requiert de la curiosité et de l’attention aux variations des conditions de marché. C’est particulièrement vrai lorsque l’incertitude paraît devenir la norme.
Mais également attitude d’audace et de courage pour challenger les routes balisées jusqu’alors empruntées par le Conseil.

Éclairer c’est tout cela, mais c’est autre chose encore : les verbes éclaircir et clarifier peuvent nous y aider.

On peut éclaircir un mystère, c’est-à-dire le percer et le comprendre. On peut éclaircir une forêt, pour permettre un passage ou favoriser le reboisement : littéralement établir une clairière.
C’est bien là ce que fait un administrateur, qui adopte une juste posture : rendre plus clair pour l’esprit ce qui ne l’est pas. Sortir de l’apparence des phénomènes pour revenir au substrat de ce qui est en jeu.

On peut clarifier un vin ou un sirop : c’est l’opération qui consiste à rendre limpide un liquide qui contient des particules en suspension : on le rend plus pur grâce à l’élimination des substances étrangères. Il s’agit de décanter, filtrer, purifier.





De même qu’on clarifie un vin en le filtrant, l’administrateur clarifie les situations pendant le Conseil : il contribue à démêler, désembrouiller, simplifier. Il est celui qui rend plus clair le problème posé pour que tous puissent débattre utilement sur le fond.

En résumé, l’administrateur éclaireur est celui qui contribue à la clairvoyance du Conseil, c’est-à-dire celui qui permet une vue claire et lucide des choses.

“Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ”écrit Thomas d’Aquin dans sa Somme théologique. C’est certainement une bonne définition de cette juste posture de l’administrateur.

Prochain épisode : Les 7 postures de l’administrateur – Épisode 3 : Tuteur

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